Wednesday, October 3, 2007

Danielle Feniou

vit et travaille en Aveyron depuis une douzaine d'années.
Présidente du Club Poésie de la MJC de Rodez et membre de l'Association des Ecri-
vains du Rouergue.
Vivement intéressée par la musique (Présidente de l'Union Musicale de Rodez) et
l'astronomie (secrétaire de 4 A Andromède).

Publications dans :

- "Traits de Plume" Revue interne de la MJC de Rodez
et dans diverses revues poétiques :
- La Lettre des Poètes - Conseil Régional Auvergne
- La Revue du Rouergue
- L'Arme de l'Ecriture
- Tiré à Part - Ed Clapas
- Devant le Monde, le Poète - Ed. Alzieu ( anthologie )



Elle partit ce matin-là
sur le chemin de solitude
épuisée des nuits de sel
et des braises bues

Sous le plomb du jour
sur la brûlure de silex
l'orage devint oraison
paysage de silice tressé

Rafales

pierres de pluies.

***

Le ciel s'effondre
et s'oublie
Ferme les yeux
sur le soleil noir
Laisse les pierres
se consumer
et l'air épiloguer

J'habite une armure

les nuages.

***

La poésie est noeud
de feu et les mots
coulées de métal

Dans cet incendie
qui me ravage
sa voix danse
au dessus des larmes

Le chant d'un ramier
perdure au fond
de mon désert.
***

Ta voix résonne encore
surgie du silence
Un cri de chair
au pourtour de l'ombre

Vibrant avec toi
mon signe
le bruit des nuages.

***

Je voulais encore
en son regard
entrer un peu
et sur la page
entendre encore
la voix kabyle
éveiller le jasmin
le musc le basilic.

Je voulais tenir encore
le fil des mots
et tresser des déserts
dans la lumière.

S'échappaient
autour de sa bouche
ces rondeurs voyelles
au milieu du menton
se creusait l'oasis
se perdait l'oued

Je voulais ramasser
une poignée du sable
qu'il me donnait
mais
le bruit soudain
a emporté
dans sa rafale
le thé qui fleurissait.

***

Lèvres en suspens
tissent les heures froides
Fines broderies
Fleurs inutiles sur les mots
masques subtils des
anciennes tragédies
à lire à oublier
pour revêtir une autre vie.

Aube de beauté
aux lèvres étincelantes.

***

J'ai senti que l'âme
en terre sèche revêtait
l'habit d'écorce

elle quittait le Jardin
au delà de l'espace
en deça du temps

J'attendais la pluie
la germination du jade
viridité et renaissance

j'attendrai Kadhir
à la ceinture verte
du labyrinthe
dans l'eau et les parfums
dans l'absolue musique.

***

Je voudrais parfois
éteindre les étoiles
ou balayer le ciel
crier interpeller
la noire matière
nicher au coeur
de noyaux éteints

Il faudrait enduire
de laves en fusion
ce qui ne saurait
calciner incinérer
les dernières pierres
de pluie. En rafales
les plis des âmes.

***

Miroirs du ciel à l'aube
Je buvais l'eau froide
jusqu'à l'iris pâle
je doutais du velours
n'osais frôler les pétales

Le soleil gourd déjà
sur les rues du lac
attisait les fouillis d'herbes

Je restais assoiffée
encore aveugle aux signes
des orages à venir.

***

Je t'ai trouvé
près des pierres
et des vieux chênes

branches bleues
bourgeons roses

corps ouvert
aux haleines des vents
au galop des cris
plantée et traversée
d'allégresse

branches bleues
bourgeons roses

A la cime de nos désirs
les rayons de tes mains.

***

J'ai ramassé
des brindilles de mots
ourlées de fumée

dans la nuit béante
je buvais des braises

j'ai parlé et
noué nos voix
aux branches du désir

incandescente
dans le brasier du jour.